La coopération entre les deux pays semble plus apaisée dans d'autres domaines, notamment dans le domaine militaire. La Biélorussie est ainsi membre de l’Organisation du traité de sécurité collective et des manœuvres russo-biélorusses de grande envergure baptisées Zapad-2009 (Ouest-2009) sont organisées en septembre 2009. Par ailleurs, elle se voit octroyer, en avril 2010, le statut de «partenaire de dialogue» de l'Organisation de coopération de Shangai (qui regroupe la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan).
Malgré les crises récurrentes, Moscou reste le principal soutien de la Biélorussie sur la scène internationale. Pour le Kremlin, la Biélorussie demeure un allié utile au sein de l'espace post-soviétique, au sein duquel Moscou souhaite préserver son influence. C’est la raison pour laquelle la Russie, en dépit des désaccords persistants avec son voisin biélorusse, n’hésite pas à soutenir le régime en place lorsque celui-ci est confronté à des difficultés internes. Ainsi, en juin 2011, alors que la Biélorussie fait face à une crise économique et financière sans précédent depuis l'arrivée au pouvoir d'Aleksandr Loukachenko en 1994, le Fonds anti-crise de la Communauté économique eurasiatique (CEEA), qui regroupe six ex-républiques soviétiques dont la Russie, décide d’octroyer à la Biélorussie un crédit d’un montant total de 3 milliards de dollars.
Mais le soutien politique et financier au régime du président Loukachenko n’est pas sans contrepartie. En novembre 2011, Moscou parvient à prendre le contrôle total de la société Beltransgaz, le groupe russe Gazprom rachetant, pour 2,5 milliards de dollars, 50 % des actions de l'entreprise détenues jusqu'à présent par l’État biélorusse.
Si cette aide est renouvelée comme en témoigne le nouveau crédit de 2 milliards de dollars accordé par la Russie pour 2014, des réformes structurelles de l’économie, parmi lesquelles des privatisations, s’avèrent nécessaires. Susceptibles de fragiliser le pouvoir, elles se font cependant pour l’heure attendre.
Un isolement accru
Sur la scène internationale, l'isolement du pays s'accroît à mesure que s'accentue la dérive autoritaire du régime et que se dégrade la situation des droits de l'homme.
L'Union européenne ne reconnaît pas la Constitution biélorusse de 1996 et prend, à partir de 1997, une série de mesures restrictives: gel de la ratification de l'Accord de partenariat et de coopération négocié en 1995; suspension du statut d'invité spécial dont bénéficiait le Parlement biélorusse (faisant de Biélorussie le seul pays européen à ne pas être membre du Conseil de l'Europe).
Au lendemain de son élargissement à l'Est en 2004, Bruxelles tente de renouer le dialogue avec la Biélorussie dans le cadre de la Politique européenne de voisinage mais les relations se détériorent suite au contexte dans lequel se déroule l'élection présidentielle de mars 2006: l'UE décide d'interdire l'entrée d'autorités biélorusses sur son territoire et de geler leurs avoirs à l'étranger. Dans le cadre de son assistance – restreinte au soutien exclusif d'initiatives d'ordre humanitaire, à la société civile et au processus de démocratisation – elle attribue à A. Milinkievitch le prix Sakharov en octobre 2006.
Pour leur part, les États-Unis, après avoir promulgué, le 20 octobre 2004, le Belarus Democracy Act, qui interdit aux agences gouvernementales américaines d'investir en Biélorussie ou de lui accorder des crédits et qui prévoit une aide financière accrue aux ONG et aux médias indépendants, définissent, en 2005, le régime biélorusse comme l'un des «six postes avancés de la tyrannie», au côté de la Corée du Nord, de l'Iran et de Cuba. En riposte aux sanctions économiques et aux limitations de déplacement qui frappent ses dirigeants, la Biélorussie expulse en mars 2008 l'ambassadeur américain en poste à Minsk et rappelle son propre ambassadeur aux États-Unis.
En 2008, le régime biélorusse cherche à relancer le dialogue avec l'UE, escomptant une levée des sanctions qui le frappent, un accès à son marché et l'arrivée d'investisseurs européens afin de réduire la dépendance de son pays vis-à-vis de la Russie, sans rompre leur partenariat privilégié. À cette fin, il tente de présenter les élections législatives du 28 septembre comme un «scrutin libre et équitable», et repousse l'examen de la question de la reconnaissance de l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, les républiques séparatistes de Géorgie.
Tout en reconnaissant des améliorations mineures et en estimant les élections insuffisamment transparentes, l'UE décide, en octobre 2008, de suspendre pour une durée de six mois les interdictions de séjour frappant les principaux dirigeants biélorusses. En mars 2009, elle invite la Biélorussie à intégrer le Partenariat oriental, nouveau projet européen qui vise à resserrer les liens politiques et économiques avec six États d'Europe orientale et du Caucase du Sud: l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Biélorussie, la Géorgie, la Moldavie et l'Ukraine. Toutefois, lors du lancement du projet à Prague, le président Loukachenko se contentera d'y envoyer son vice-Premier ministre.
En mai 2009, le Conseil de l'Europe annonce son intention de restituer à la Biélorussie le statut d'invité spécial de l'Assemblée parlementaire (préalable à l'adhésion) afin de relancer «un dialogue politique avec les autorités» tout en soutenant «le renforcement des forces démocratiques et de la société civile». Mais cette «politique de la main tendue» ne produit pas les effets escomptés: l'évolution de la situation dans le pays montre que peu de progrès sont accomplis dans la voie de la démocratie et du respect des droits de l’homme. De fait, un an plus tard, les institutions européennes et le Conseil de l’Europe dénoncent vivement le déroulement des élections locales, la violation des droits de la minorité polonaise de Biélorussie, les pressions exercées à l’encontre des représentants des médias indépendants, de la société civile et des organisations d'opposition ainsi que le maintien de la peine de mort dans le pays (deux prisonniers sont exécutés en mars 2010 alors que le Comité des droits de l'homme des Nations unies était en train d'examiner les requêtes individuelles concernant leur cas).