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La synonimie. Les critères de la synonimie, la synonimie relative et absolue




Généralités. Les opinions des linguistes contemporains sur la synonymie sont fort différentes. Pour certains linguistes les vocables sont synonymes à condition d'avoir une valeur sémantique identique. Ceux-ci étant réduits au minimum, ces linguistes en arrivent à nier l'existence même de la synonymie. M. Bréal [51] affirme que la synonymie est un phénomène précaire et provisoire, de courte durée qui se détruit infailliblement du fait que les mots-synonymes sont sujets à l'évolution sémantique et acquièrent, par conséquent, des acceptions distinctes.

En effet, les séries synonymiques subissent des regroupements au cours des siècles et toutefois la synonymie comme telle demeure un phénomène constant de la langue.

La synonymie est un phénomène dialectique qui suppose tout à l'a fois des traits communs et des traits distinctifs. Les vocables forment des séries synonymiques à partir de leur communauté, mais leur présence dans la langue est due principalement à leur fonction différentielle

La synonymie se révèle dans la synchronie, elle est un indice du caractère systémique de langue.

Au cours de son développement historique la langue devient un instrument de communication de plus en plus parfait. La richesse de la synonymie, en particulier, témoigne de la richesse de la langue en entier.

 

91. Les critères de la synonymie. En abordant le problème de la synonymie il faut avant tout préciser quels doivent être les rapports sémantiques entre les mots afin qu'on puisse les qualifier de synonymes et quels sont les cas où, malgré la similitude des acceptions des mots, il n'y a point de synonymie entre eux.

Dans certains ouvrages les mots sémantiquement apparentés, réunis par le même ternie d'identification, sont qualifiés de synonymes Ce sont généralement des vocables plus ou moins voisins quant à leurs acceptions qui se trouvent en rapport de subordination logique. Ces vocables, exprimant des notions d'espèce soumis à la notion de genre rendue par le terme d'identification, ont en réalité entre eux des distinctions trop grandes pour être qualifiés de synonymes. Ils ne sont point non plus les synonymes du tenue d'identification lui-même, vu que les mots sémantiquement subordonnés ne créent point de rapport synonymique. Ainsi les vocables fusil, épée, pistolet, canon, bombe atomique ne sont ni des synonymes entre eux, ni les synonymes du terme d'identification arme qui les englobe. Il s'agit ici d'un rapport hypéro-hyponymique.

Il en est de même pour vaisseau, navire, bâtiment, paquebot, cargo, transport, transatlantique, courrier, steamer, vapeur, nef, caravelle, coche, cabane (vx.) bateau-mouche, steam-boat, yacht, arche qui se laissent grouper sous le terme d'identification bateau ou ruisseau, rivière, fleuve, torrent, gave, affluent dont le terme générique est cours d'eau.

La dénomination du même objet ou phénomène de la réalité n'est point non plus un critère sûr de la synonymie. En effet, des vocables très différents par leur sens peuvent désigner dans la parole le même objet, cependant ils ne deviennent pas pour autant des synonymes. Dans un certain contexte on peut nommer un chat (un chien, une personne) - un monstre. (Ce monstre, il m'a volé mon poulet! s'écriera une ménagère furieuse contre son chat). Toutefois monstre ne sera pas un synonyme de chat.

On insiste très souvent sur l'interchangeabilité des mots comme critère de la synonymie. Au premier abord cette opinion paraît être justifiée. En effet, beaucoup de vocables qualifiés à bon droit de synonymes sont interchangeables dans la parole malgré les nuances de sens qui les distinguent. Dans l'usage courant nous substituons constamment joli à beau, craindre à redouter et aussi à avoir peur. On dira également finir un travail et achever un travail, de même que terminer un travail. Il est pourtant vrai que les puristes refusent d'accepter ces substitutions qu'ils qualifient de négligences et même d'erreurs. Selon eux, dit à ce propos A. Sauvageot,... il demeure toujours un écart entre les deux significations, aussi subtil que puisse être cet écart [7, p. 76]. Toutefois les faits de la langue nous autorisent à affirmer le contraire. A. Sauvageot mentionne les données d'une enquête effectuée en vue de savoir si les sujets parlants font une distinction nette entre les termes ci-dessous:

mansuétude / indulgence

entier / intégral

dire / déclarer

abolir / supprimer

cultivateur / agriculteur

pied de vigne / cep de vigne

morne / triste, etc.

La plupart des intéressés, conclut-il, ont commencé par ne pas pouvoir indiquer de distinction de sens, puis plusieurs se sont ravisés et ont proposé des nuances différentes, plus ou moins subtiles mais variables d'un locuteur à l'autre [7, p. 78-79].

Toutefois l'interchangeabilité quoique souvent très utile dans la sélection des synonymes ne peut être considérée comme un critère absolu. Nous avons établi que le fonctionnement réel des vocables ne découlait pas toujours directement de leur contenu idéal, autrement dit de leur sens. Le signalement intervient parfois en marquant de son empreinte leur fonctionnement. C'est pourquoi les mots exprimant la même notion, mais ressortissant à des styles différents de la langue fonctionneront différemment. Un professeur ne s'adressera point à ses élèves avec les paroles: Vous pigez? Grouillez-vous! Il est 3 plombes et 10 broquilles. Je décampe becausej'ai la dent. On ne dira pas non plus dans une conversation: J'ai mal à l'abdomen. Le halo argotique ou scientifique qui s'ajoute à la notion exprimée par ces mots en restreint l'aire d'emploi. L'emploi traditionnel des mots est aussi un obstacle à l'interchangeabilité des synonymes. Donc, l'interchangeabilité ne pourra pas être appliquée à tous les synonymes. D'autre part, ainsi que nous l'avons démontré, l'interchangeabilité occasionnelle du type chat et monstre ne nous autorise point à y voir des synonymes.

C'est uniquement à partir de la faculté des vocables d'exprimer des notions identiques ou proches qu'il est possible de dégager des synonymes.

La synonymie absolue et relative. Les synonymes dont la structure sémantique soit identique et qui, par conséquent, né se distinguent que phonologiquement sont rares. Toutefois on constate la présence de synonymes absolus dans les différentes terminologies ce qui d'ailleurs ne contribue ni à la clarté, ni à la précision (cf.: désinence et terminaison en grammaire, phonème voisée ou sonore, voyelle labiale ou arrondie, consonne spirante, fricative ou constrictive en phonétique). La synonymie absolue est aussi caractéristique de l'argot qui par sa nature même favorise la création d'innovations pouvant se substituer aux anciennes formations.

Généralement la synonymie n'est que relative. En effet, les synonymes servent à rendre nos idées, nos sentiments d'une manière plus précise, plus vive et nuancée, donc à différencier. Ils reflètent les divers aspects des phénomènes réels, aspects établis par les sujets parlants au cours de leur expérience historique.

Cette destination des synonymes est surtout manifeste lorsqu'ils figurent côte à côte dans l'énoncé:

Ta mère est une femme exceptionnelle. Elle mérite d'être traitée

non seulement avec respect, mais avec vénération (C. Duhamel).

Robert a aussi réussi ce tour de force: il m 'a protégé de

l'isolement sam ine priver de la solitude (S. de Beauvoir).

 

 





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