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foederis aequas Dicamus leges. []. []., XI, [321] 1       , , , . , , , , . 1.   I   , - 1, , , , , . , , , , . , . : , ? ³: , . ,   foederis aequas Dicamus leges. Verg. Aeneid. XI     Avertissement   Ce petit traité est extrait dun ouvrage plus étendu, entrepris autrefois sans avoir consulté mes forces, et abandonné depuis longtemps. Des divers morceaux quon pouvait tirer de ce qui était fait celui-ci est le le pIus considérable, et ma paru le moins indigne dêtre offert au publie. Le reste nest, déjà plus.   LIVRE I   Je veux chercher si dans tordre civil il peut y avoir quelque règle dadministration légitime et sûre, en prenant les hommes tels quils sont, et les lois telles quelles peuvent être. Je tâcherai dallier toujours dans cette recherche ce que le droit permet avec ce que lintérêt prenait, afin que la justice et lutilité ne se trouvent point divisées. Jentre en matière sans prouver limportance de mon sujet. On me demandera si je suis prince ou législateur pour écrire sur la Politique? Je réponds que non, et que cest pour cela que jécris sur la Politique. Si jétais prince ou législateur, je ne perdrais pas mon temps à dire ce quil faut faire; je le ferais, ou je me tairais. /8/

 

, , ; , . 2 , , ; , , , , !   ֲ ί   1, , , , , 2. ? . ? , . , , : , , ; , , - , . , 3, , , . , . ; Né citoyen dun Etat libre, et membre du souverain, quelque faible influence que puisse avoir ma voix dans les affaires publiques, le droit dy voter suffit pour mimposer le devoir de men instruire. Heureux, toutes les fois que je médite sur les gouvernements, de trouver toujours dans mes recherches de nouvelles raisons daimer celui de mon pays!   Chapitre I Sujet de ce Premier livre   Lhomme est né libre, et partout il est dans les fers. Tel se croit le maître des autres, qui ne laisse pas dêtre plus esclave queux. Comment ce changement sest-il fait? Je lignore. Quest-ce qui peut le rendre légitime? Je crois pouvoir résoudre cette question. Si je ne considérais que la force, et leffet qui en dérive, je dirais: Tant quun peuple est contraint dobéir et quil obéit, il fait bien; sitôt quil peut secouer le joug et quil le secoue, il fait encore mieux; car, recouvrant sa liberté par le même droit qui la lui a ravie, ou il est fondé à la reprendre, ou lon ne létait point à la lui ôter. Mais lordre social est un droit sacré, qui sert de base à tous les autres. Cependant ce droit ne vient point de la nature; il est donc fondé sur des conventions. Il sagit de savoir quelles sont ces conventions. Avant den venir là je dois établir ce que je viens davancer. /9/

 

, . , , . , .   II ز ϲ   ; , . , . , , , , . , , , 1. , , . , , , , . , , , : , 2, , , .   Chapitre II Des premieres sociétés   La plus ancienne de toutes les sociétés et la seule naturelle est celle de la famille. Encore les enfants ne restent-ils liés au père quaussi longtemps quils ont besoin de lui pour se conserver. Sitôt que ce besoin cesse, le lien naturel se dissout. Les enfants, exempts de lobéissance quils devaient au père, le père exempt des soins quil devait aux enfants, rentrent tous également dans lindépendance. Sils continuent de rester unis ce nest plus naturellement, cest volontairement, et la famille elle-même ne se maintient que par convention. Cette liberté commune est une conséquence de la nature de lhomme. Sa première loi est de veiller à sa propre conservation, ses premiers soins sont ceux quil se doit à lui-même, et, sitôt quil est en âge de raison, lui seul étant juge des moyens propres à se conserver devient par là son propre maître. La famille est donc si lon veut le premier modèle des sociétés politiques; le chef est limage du père, le peuple est limage des enfants, et tous étant nés égaux et libres naliènent leur liberté que pour leur utilité. Toute la différence est que dans la famille lamour du père pour ses enfants le paye des soins quil leur rend, et que dans lEtat le plaisir de commander supplée à cet amour que le chef na pas pour ses peuples. Grotius nie que tout pouvoir humain soit établi en faveur de ceux qui sont gouvernés: /10/

 

, 쒿 , , . , , : 3. *. , . , : , . , 񳺿  ; 5. , , , , <> . , , , . Գ , , , 6. ̳ . 7 , : , .     * , , : . ( ) 4. .   Il cite lesclavage en exemple. Sa plus constante manière de raisonner est détablir toujours le droit par le fait *. On pourrait employer une méthode plus conséquente, mais non pas plus favorable aux tyrans. Il est donc douteux, selon Grotius, si le genre humain appartient à une centaine dhommes, ou si cette centaine dhommes appartient au genre humain, et il parait dans tout son livre pencher pour le premier avis: cest aussi le sentiment de Hobbes. Ainsi voilà lespèce humaine divisée en troupeaux de bétail, dont chacun a son chef, qui le garde pour le dévorer. Comme un pâtre est dune nature supérieure à celle de son troupeau, les pasleurs dhommes, qui sont leurs chefs, sont aussi dune nature supérieure à celle de leurs peuples. Ainsi raisonnait, au rapport de Philon, lempereur Caligula; concluant assez bien de cette analogie que les rois étaient des dieux, ou que les peuples étaient des bêtes. Le raisonnement de ce Caligula revient à celui dHobbes et de Grotius. Aristote avant eux tous avait dit aussi que les hommes ne sont point naturellement égaux, mais que les uns naissent pour lesclavage et les autres pour la domination.     * Les savantes recherches sur le droit public ne sont souvent que lhistoire des anciens abus, et on sest entêté mal à propos quand on sest donné la peine de les trop étudier. Traité des intérêts de la Fr. avec ses voisins, par M. le Marquis dArgenson (imprimé chez Rey à Amsterdam). Voilà précisément ce qua fait Grotius. /11/  

 

, : , , . , ; , 8*. , , , . , . , , , , , . , , , , , , , , , 9? , , , , ; , , , , , , .     * . , .   Aristote avait raison, mais il prenait leffet pour la cause. Tout homme né dans lesclavage naît pour lesclavage, rien nest plus certain. Les esclaves perdent tout dans leurs fers, jusquau désir den sortir; ils aiment leur servitude comme les compagnons dUlysse aimaient leur abrutissement *. Sil y a donc des esclaves par nature, cest parce quil y a eu des esclaves contre nature. La force a fait les premiers esclaves, leur lâcheté les a perpétués. Je nai rien dit du roi Adam, ni de lempereur Noé père de trois grands monarques qui se partagèrent lunivers, comme firent les enfants de Saturne, quon a cru reconnaître en eux. Jespère quon me saura gré de cette modération; car, descendant directement de lun de ces princes, et peut-être de la branche aînée, que sais-je si par la vérification des titres je ne me trouverais point le légitime roi du genre humain? Quoi quil en soit, on ne peut disconvenir quAdam nait été souverain au monde comme Robinson de son île, tant quil en fut le seul habitant; et ce quil y avait de commode dans cet empire était que le monarque assuré sur son trône navait à craindre ni rébellions ni guerres ni conspirateurs.   * Voyez un petit traité de Plutarque intitulé: Que les bêtes usent de la raison. /12/  

 

  III Ͳ     , ,  , . ; , . ? , , . , ; , . ? , . , ; , , , , . ҳ , ; , , , . , ? , , , . , . . 䳻. , , . , .   Chapitre III Du droit du plus fort     Le plus fort nest jamais assez fort pour être toujours le maître, sil ne transforme sa force en droit et lobéissance en devoir. De là le droit du plus fort; droit pris ironiquement en apparence, et réellement établi en principe: Mais ne nous expliquera-l-on jamais ce mot? La force est une puissance physique; je ne vois point quelle moralité peut résulter de ses effets. Céder à la force est un acte de nécessité, non de volonté; cest tout au plus un acte de prudence. En quel sens pourra-ce être un devoir? Supposons un moment ce prétendu droit. Je dis quil nen résulte quun galimatias inexplicable. Car sitôt que cest la force qui fait le droit, leffet change avec la cause; toute force qui surmonte la première succède à son droit. Sitôt quon peut désobéir impunément on le peut légitimement, et puisque le plus fort a toujours raison, il ne sagit que de faire en sorte quon soit le plus fort. Or quest-ce quun droit qui périt quand la force cesse? Sil faut obéir par force on na pas besoin dobéir par devoir, et si lon nest plus forcé dobéir on ny est plus obligé. On voit donc que ce mot de droit najoute rien à la force; il ne signifie ici rien du tout. Obéissez aux puissances. Si cela veut dire, cédez à la force, le précepte est bon, mais superflu, je réponds quil ne sera jamais violé. Toute puissance vient de Dieu, je lavoue; mais toute maladie en vient aussi. Est-ce à dire quil soit défendu dappeler le médecin? Quun brigand me surprenne au coin dun bois: non seulement il faut par /13/

 

1, , . , ³ ? , , , , ? , -, . , , , . , .     IV   , , . , ,  , ,  ?1 , , . ³ 2. , , ; , , , 3. , - force donner la bourse, mais quand je pourrais la soustraire suis-je en conscience obligé de la donner? car enfin le pistolet quil tient est aussi une puissance. Convenons donc que force ne fait pas droit, et quon nest obligé dobéir quaux puissances légitimes. Ainsi ma question primitive revient toujours.     Chapitre IV De lesclavage   Puisque aucun homme na une autorité naturelle sur son semblable, et puisque la force ne produit aucun droit, restent donc les contentions pour base de toute autorité légitime parmi les hommes. Si un particulier, dit Grotius, peut aliéner sa liberté et se rendre esclave dun maître, pourquoi tout un peuple ne pourrait-il pas aliéner la sienne et se rendre sujet dun roi? Il y a là bien des mots équivoques qui auraient besoin dexplication, mais tenons-nous-en à celui daliéner. Aliéner cest donner ou vendre. Or un homme qui se fait esclave dun autre ne se donne pas, il se vend, tout au moins pour sa subsistance: mais un peuple pour quoi se vend-il? Bien loin quun roi fournisse à ses sujets leur subsistance il ne tire la sienne que deux, et selon Rabelais un roi ne vit pas de peu. Les sujets donnent donc leur personne à condition quon prendra aussi leur bien? Je ne vois pas ce quil leur reste à conserver. /14/

 

? , , , , , , 4. , , , ? , ? , 5. , , , , , , ? , ? , , ? , , ,  , 6. , , , : , , , . , , . , . , , , . , , - <> , -   On dira que le despote assure à ses sujets la tranquillité civile. Soit; mais quy gagnent-ils, si les guerres que son ambition leur attire, si son insatiable avidité, si les vexations de son ministère les désolent plus que ne feraient leurs dissensions? Quy gagnent-ils, si cette tranquillité même est une de leurs misères? On vit tranquille aussi dans les cachots; en est-ce assez pour sy trouver bien? Les Grecs enfermés dans lantre du Cyclope y vivaient tranquilles, en attendant que leur tour vînt dêtre dévorés. Dire quun homme se donne gratuitement, cest dire une chose absurde et inconcevable; un tel acte est illégitime et nul, par cela seul que celui qui le fait nest pas dans son bon sens. Dire la même chose de tout un peuple, cest supposer un peuple de fous: la folie ne fait pas droit. Quand chacun pourrait saliéner lui-même, il ne peut aliéner ses enfants; ils naissent hommes et libres; leur liberté leur appartient, nul na droit den disposer queux. Avant quils soient en âge de raison le père peut en leur nom stipuler des conditions pour leur conservation, pour leur bien-être; mais non les donner irrévocablement et sans condition; car un tel don est contraire aux fins de la nature et passe les droits de la paternité. Il faudrait donc pour auun gouvernement arbitraire fut légitime quà chaque génération le peuple fût le maître de ladmettre ou de le rejeter: mais alors ce gouvernement ne serait plus arbitraire. Renoncer à sa liberté cest renoncer à sa qualité dhomme, aux droits de lhumanité, même à ses devoirs. Il ny a nul dédommagement possible pour quiconque renonce à tout. Une telle renonciation est incompatible avec la nature de lhomme. /15/

 

7. , , , , ; 8. ³  , . , , - . . . , , , . ճ , 򳺿 , ? , , , ? , , , ; , , , , 9? 10. , , . , <> . , . , , , , , et cest ôter toute moralité à ses actions que dôter toute liberté à sa volonté. Enfin cest une convention vaine et contradictoire de stipuler dune part une autorité absolue et de lautre une obéissance sans bornes. Nest-il pas clair quon nest engagé à rien envers celui dont on a droit de tout exiger, et cette seule condition, sans équivalent, sans échange nentraîne-t-elle pas la nullité de lacte? Car quel droit mon esclave aurait-il contre moi, puisque tout ce quil a mappartient, et que son droit étant le mien, ce droit de moi contre moi-même est un mot qui na aucun sens? Grotius et les autres tirent de la guerre une autre origine du prétendu droit desclavage. Le vainqueur ayant, selon eux, le droit de tuer le vaincu, celui-ci peut racheter sa vie aux dépens de sa liberté; convention dautant plus légitime quelle tourne au profit de tous deux. Mais il est clair que ce prétendu droit de tuer les vaincus ne résulte en aucune manière de létat de guerre. Par cela seul que les hommes vivant dans leur primitive indépendance nont point entre eux de rapport assez constant pour constituer ni létat de paix ni létat de guerre, ils ne sont point naturellement ennemis. Cest le rapport des choses et non des hommes qui constitue laguerre, et létal de guerre nepouvant naître des simples relations personnelles, mais seulement des relations réelles, la guerre privée ou dhomme à homme ne peut exister, ni dans létat de nature où il ny a point de propriété constante, ni dans létat social où tout est sous lautorité des lois. /16/

 

11. ³ , ; , , , , , , , . , , , . , IX, , 12, , , , - , - 13. , , , , *, ;  , . , , , . , , , . ,     * , - , , , , . , - , , , , 볺: , , , , 14. - , , . , 15, , , . , , , 16.   Les combats particuliers, les duels, les rencontres sont des actes qui ne constituent point un état; et à légard des guerres privées, autorisées par les établissements de Louis IX roi de France et suspendues par la paix de Dieu, ce sont des abus du gouvernement féodal, système absurde sil en fut jamais, contraire aux principes du droit naturel, et à toute bonne politie. La guerre nest donc point une relation dhomme à homme, mais une relation dEtat à Etat, dans laquelle les particuliers ne sont ennemis quaccidentellement, non point comme hommes ni même comme citoyens*, mais comme soldats; non point comme membres de la patrie, mais comme ses défenseurs. Enfin chaque Etat ne peut avoir pour ennemis que dautres Etats et non pas des hommes, attendu quentre choses de diverses natures on ne peut fixer aucun vrai rapport. Ce principe est même conforme aux maximes établies de tous les temps et à la pratique constante de tous les peuples policés. Les déclarations de guerre sont moins des avertissements aux puissances quà leurs sujets. Létranger, soit roi, soit particulier, soit peuple, qui vole, tue ou délient les sujets sans déclarer la guerre au prince, nest pas un ennemi, cest un brigand. Même en pleine guerre un prince juste sempare bien     * Les Romains qui ont mieux entendu et plus respecté le droit de la guerre quaucune nation d u monde portaient si loin le scrupule à cet égard quil nétait pas permis à un citoyen de servir comme volontaire sans sêtre engagé expressément contre lennemi et nommément contre tel ennemi. Une /17/ légion où Caton le fils faisait ses premières armes sous Popilius allant été réformée, Caton le Père écrivit à Popilius que sil voulait bien que son fils continuât de servir sous lui il fallait lui faire prêter un nouveau serment militaire, parce que le premier étant annulé il ne pouvait plus porter les armes contre lennemi. Et le même Caton écrivit à son fils de se bien garder de se présenter au combat quil neût prêté ce nouveau serment. Je sais quon pourra m opposer le siège de Clusium et dautres faits particuliers mais moi je cite des lois, des usages. Les Romains sont ceux qui ont le moins souvent transgressé leurs lois et ils sont les seuls qui en aient eu daussi belles.  

 

. , , , , , , . , , , , ; , . , , ; , . ³ 17. , 18. , , . ֳ , 19, . , , . , , , . , , , en pays ennemi de tout ce qui appartient au public, mais il respecte la personne et les biens des particuliers; il respecte des droits sur lesquels sont fondés les siens. La fin de la guerre étant la destruction de lEtat ennemi, on a droit den tuer les défenseurs tant quils ont les armes à la main; mais sitôt quils les posent et se rendent, cessant dêtre ennemis ou instruments de lennemi, ils redeviennent simplement hommes et lon na plus de droit sur leur vie. Quelquefois on peut tuer lEtat sans tuer un seul de ses membres: or la guerre ne donne aucun droit qui ne soit nécessaire à sa fin. Ces principes ne sont pas ceux de Grotius; ils ne sont pas fondés sur des autorités de poètes, mais ils dérivent de la nature des choses, et sont fondés sur la raison. A légard du droit de conquête, il na dautre fondement que la loi du plus fort. Si la guerre ne donne point au vainqueur le droit de massacrer les peuples vaincus ce droit quil na pas ne peut fonder celui de les asservir. On na le droit de tuer lennemi que quand on ne peut le faire esclave; le droit de le faire esclave ne vient donc pas du /18/

 

. , , 20, , . , , , ? , , , , , . , : , , . , , , , , , . . ; , , 21. , , , , , - . ; .  ; , , . : , , , . droit de le tuer: cest donc un échange inique de lui faire acheter au prix de sa liberté sa vie sur laquelle on na aucun droit. En établissant le droit de vie et de mort sur le droit desclavage, et le droit desclavage sur le droit de vie et de mort, nest-il pas clair quon tombe dans le cercle vicieux? En supposant même ce terrible droit de tout tuer, je dis quun esclave fait à la guerre ou un peuple conquis nest tenu à rien du tout envers son maître, quà lui obéir autant quil y est forcé. En prenant un équivalent à sa vie le vainqueur ne lui en a point fait grâce: au lieu de le tuer sans fruit il la tué utilement. Loin donc quil ail acquis sur lui nulle autorité jointe à la force, létat de guerre subsiste entre eux comme auparavant, leur relation même en est leffet, et lusage du droit de la guerre ne suppose aucun traité de paix. Ils ont fait une convention; soit: mais cette convention, loin de détruire létat de guerre, en suppose la continuité. Ainsi, de quelque sens quon envisage les choses, le droit desclave est nul, non seulement parce quil est illégitime, mais parce quil est absurde et ne signifie rien. Ces mots, esclavage et droit, sont contradictoires; ils sexcluent mutuellement. Soit dun homme à un homme, soit dun homme à un peuple, ce discours sera toujours également insensé. Je fais avec toi une convention toute à ta charge et toute à mon profit, que jobserverai tant quil me plaira, et que tu observeras tant quil me plaira. /19/

 

    V , ˲ ί Ҳ   , , . . , , , , , , ; , , , ᒺ. , . , -, . , , . 1; , , . , , . , , , . , . , , , , , , , 2. ij, , , ? , , , ? -     Chapitre V Quil faut tuojours remonter à une première convention   Quand jaccorderais tout ce que jai réfuté jusquici, les fauteurs du despotisme nen seraient pas plus avancés. Il y aura toujours une grande différence entre soumettre une multitude et régir une société. Que des hommes épars soient successivement asservis à un seul, en quelque nombre quils puissent être, je ne vois là quun maître et des esclaves, je ny vois point un peuple et son chef; cest si lon veut une agrégation, mais non pas une association; il ny a là ni bien public ni corps politique. Cet nomme, eût-il asservi la moitié du monde, nest toujours quun particulier; son intérêt, séparé de celui des autres, nest toujours quun intérêt privé. Si ce même homme vient à périr, son empire après lui reste épars et sans liaison, comme un chêne se dissout et tombe en un tas de cendres, après que le feu la consumé. Un peuple, dit Grotius, peut se donner à un roi. Selon Grotius un peuple est donc un peuple avant de se donner à un roi. Ce don même est un acte civil, il suppose une délibération publique. Avant donc que dexaminer lacte par lequel un peuple élit un roi, il serait bon dexaminer lacte par lequel un peuple est un peuple. Car cet acte étant nécessairement antérieur à lautre est le vrai fondement de la société. En effet, sil ny avait point de convention antérieure, où serait, à moins que lélection ne fût unanime, lobligation pour le petit nombre de se soumettre au choix /20/

 

, 3.     VI ϲ   , , , , , . ³ , , 1. , , ᒺ , , , , , . 䳿 . , , , , ? : ³ ᒺ, ᒺ , , , , , - du grand, et doù cent qui veulent un maître ont-ils le droit de voter pour dix qui nen veulent point? La loi de la pluralité des suffrages est elle-même, un établissement de convention, et suppose au moins une fois lunanimité.     Chapitre VI Du pacte social   Je suppose les hommes parvenus à ce point où les obstacles qui nuisent à leur conservation dans létat de nature lemportent par leur résistance sur les forces que chaque individu peut employer pour se maintenir dans cet état. Alors cet état primitif ne peut plus subsister, et le genre humain périrait sil ne changeait sa manière dêtre. Or comme les hommes ne peuvent engendrer de nouvelles forces, mais seulement unir et diriger celles qui existent, ils nont plus dautre moyen pour se conserver que de former par agrégation une somme de forces qui puisse lemporter sur la résistance, de les mettre en jeu par un seul mobile et de les faire agir de concert. Cette somme de forces ne peut naître que du concours de plusieurs: mais la force et la liberté de chaque homme étant tes premiers instruments de sa conservation, comment les engagera-t-il sans se nuire, et sans négliger les soins quil se doit? Cette difficulté ramenée à mon sujet peut sénoncer en ces termes: Trouver une forme dassociation qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun sunissant à tous nobéisse pour- /21/

 

, . . , <> . , , , 2 򳺿 , , , , , , 3. , , , , -, ᒺ ; , , ; . , , , . , , , , . , , , . ᒺ . , , , . ᒺ, tant quà lui-même et reste aussi libre quauparavant." Tel est le problème fondamental dont le contrat social donne la solution. Les clauses de ce contrat sont tellement déterminées par la nature de lacte que la moindre modification les rendrait vaines et de nul effet; en sorte que, bien quelles naient peut-être jamais été formellement énoncées, elles sont partout les mêmes, partout tacitement admises et reconnues; jusquà ce que, le pacte social étant violé, chacun rentre alors dans ses premiers droits et reprenne sa liberté naturelle, en perdant la liberté conventionnelle pour laquelle il y renonça. Ces clauses bien entendues se réduisent toutes à une seule, savoir laliénation totale de chaque associé avec tous ses droits à toute la communauté. Car, premièrement, chacun se donnant tout entier, la condition est égale pour tous, et la condition étant égale pour tous, nul na intérêt de la rendre onéreuse aux autres. De plus, laliénation se faisant sans réserve, lunion est aussi parfaite quelle ne peut lêtre et nul associé na plus rien à réclamer: car sil restait quelques droits aux particuliers, comme il nv aurait aucun supérieur commun qui pût prononcer entre eux et le public, chacun étant en quelque point son propre juge prétendrait bientôt lêtre en tous, létat de nature subsisterait et lassociation deviendrait nécessairement tyrannique ou vaine. Enfin chacun se donnant à tous ne se donne à personne, et comme il ny a pas un associé sur lequel on nacquière le même droit quon lui cède sur soi, on gagne léquivalent de tout ce quon perd, et plus de force pour conserver ce quon a. /22/

 

, , , , . , , , : , , 䒺 . ᒺ, , , , ᒺ ; , , . , , *, , , , , , , . ᒺ, , , , , . ֳ . , .     * ; , . , , 4. . , cives 5 - : , , , , ( ). , , ; , , ; , . , , 6. . , , , 7 ( , ), . .   Si donc on écarte du pacte social ce qui nest pas de son essence, on trouvera quil se réduit aux termes suivants: Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale; et nous recevons en corps chaque membre comme partie indivisible du tout. A linstant, au lieu de la personne particulière de chaque contractant, cet acte dassociation produit un corps moral et collectif composé dautant de membres que lassemblée a de voix, lequel reçoit de ce même acte son unité, son moi commun, sa vie et sa volonté. Cette personne publique qui se forme ainsi par lunion de toutes les autres prenait autrefois le nom de Cité*, et prend maintenant celui de République ou de corps politique, lequel est appelé par ses membres Etat quand il est passif, Souverain quand il est actif, Puissance en le comparant à ses semblables. A légard des associés ils prennent collectivement le nom de Peuple, et sappellent en particulier citoyens comme participants à lautorité souveraine, et sujets comme soumis aux lois de lEtat. Mais ces termes se confondent souvent et se prennent lun pour lautre; il suffit de les savoir distinguer quand ils sont employés dans toute leur précision.     * Le vrai sens de ce mot sest presque entièrement effacé chez les modernes; la plupart prennent une ville pour une cité et un bourgeois pour un citoyen. Ils ne savent pas que les maisons font la ville mais que les citoyens font la cité. Cette même erreur coûta cher autrefois aux Carthaginois. Je nai pas lu que le titre de vives ail jamais été donné aux sujets daucun prince pas même anciennement aux Macédoniens, ni de nos jours aux Anglais, quoique plus près de la liberté que tous les autres. Les seuls Français pren nenl tout familièrement ce nom de citoyens, parce quils nen ont aucune véritable idée, comme on peut le voir dans /23/ leurs dictionnaires, sans quoi ils tomberaient en lusurpant dans le crime de lèse-majesté: ce nom chez eux exprime une vertu et non pas un droit. Quand Bodin a voulu parler de nos citoyens et bourgeois, il a fait une lourde, bévue en prenant les uns pour les autres. M. dAlembert ne sy est pas trompé, et a bien distingué dans son article Genève les quatre ordres dhommes (même cinq en y comptant les simples étrangers) qui sont dans notre ville, et dont deux seulement composent la République. Nul autre auteur français, que je sache, na compris le vrai sens du mot citoyen.  

 

    VII   , ᒺ , , , , , : , , . 򳺿 , , , . , , , , , , , . , , ,     Chapitre VII Du souverain   On voit par celle formule que lacte, dassociation renferme un engagement réciproque du public avec les particuliers, et que chaque individu, contractant, pour ainsi dire, avec lui-même, se trouve engagé sous un double rapport; suvoir, comme membre du souverain envers les particuliers, et comme membre de lEtat envers le souverain. Mais on ne peut appliquer ici la maxime du droit civil que nul nest tenu aux engagements pris avec lui-même; car il y a bien de la différence entre sobliger envers soi ou envers un tout dont on fait partie. Il faut remarquer encore que la délibération publique, qui peut obliger tous les sujets envers le souverain, à cause des deux différents rapports sous lesquels chacun deux est envisagé, ne peut, par la raison contraire, obliger le souverain envers lui-même, et que, par conséquent, il est contre lu nature du corps politique que le souverain simpose une /24/

 

. , , . , , , 1. , , ; , , . , , 2, , , , , . , , , , , . ᒺ , , , , . , , , , , , , , , . , , , , , . , , loi quil ne puisse enfreindre. Ne pouvant se considérer que sous un seul et même rapport il est alors dans le cas dun particulier contractant avec soi-même: par où lon voit quil ny a ni ne peut y avoir nulle espèce de loi fondamentale obligatoire pour le corps au peuple, pas même le contrat social. Ce qui ne signifie pas que ce corps ne puisse fort bien sengager envers autrui en ce qui ne déroge point à ce contrat; car à légard de létranger, il devient un être simple, un individu. Mais le corps politique ou le souverain ne tirant son être que de la sainteté du contrat ne peut jamais sobliger, même envers autrui, à rien qui déroge à cet acte primitif, comme daliéner quelque portion de lui-même ou de se soumettre à un autre souverain. Violer lacte par lequel il existe serait sanéantir, et ce qui nest rien ne produit rien. Sitôt que cette multitude est ainsi réunie en un corps, on ne peut offenser un des membres sans attaquer le corps; encore moins offenser le corps sans que les membres sen ressentent. Ainsi le devoir et lintérêt obligent également les deux parties contractantes à sentraider mutuellement, et les mêmes hommes doivent chercher à réunir sous ce double rapport tous les avantages qui en dépendent. Or le souverain nétant formé que des particuliers qui le composent na ni ne peut avoir dintérêt contraire au leur; par conséquent la puissance souveraine na nul besoin de garant envers les sujets, parce quil est impossible que le corps veuille nuire à tous ses membres, et nous verrons ci-après quil ne peut nuire à aucun en particulier. Le souverain, par cela seul quil est, est toujours tout ce quil doit être. /25/

 

; , 3. , . ,




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