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Romances sans paroles, 1874. 3




Pour toi

Mon amour

Je suis allé au marché à la ferraille

Et j'ai acheté des chaînes

De lourdes chaînes

Pour toi

Mon amour

Et je suis allé au marché aux esclaves

Et je t'ai cherchée

Mais je ne t'ai pas trouvée

Mon amour

Jacques Prevert, Paroles, 1946, Paris.

Pour mieux comprendre:
la ferraille De vieux; orcequx de metal (fer) inutiles.
une chaîne Suite danneaux de métal servant à attacher les animaux, les prisoniers et les esclaves.
un, une esclave Une personne qui nest pas libre, qui est sous le pouvoir absolu dun maître.

Découverte:

1. Lisez le titre. A qui sadresse le poète? Que vous suggère ce titre?

2. Maintenant, regardez le poème. Que remarquez-vous dans sa présentation visuelle? Combien de parties voyez-vous?

3. Lisez le poème. Comment savez-vous que le poète sadresse à ube femme?

Exploration:

1. Relisez et soulignez les répétitions exactes. Quel est leffet produit?

2. Où va le poète et quachète-t-il? Quels objets sont suprenants dans cette liste? A quoi vous font ils penser?

3. Dans la dernière partie, quel groupe de mots annonce que la recherche du poète va prendre fin? Quel autre mot renvoie à la partie précédente?

4. A quel moment la,our du poète se transforme-t-il? Que veut nous dire Prévert?

5. Que pensez-vous du style poétique de Prévert?

6. Partagez-vous la vision de lamour du poète? Présentez votre point de vue.


CHAPITRE II:

La poésie pour le plaisir de lire, écouter et déclamer.

Les textes des poésies que vous allez entendre sont faits par les auteurs français et présentent lintérêt au point de vue du contenu et de l intonation.

Les auteurs du dossier vous conseiller de prendre connaissance de lauteur de la poésie, découter lenregistrement beaucoup de fois, essayer dimiter le speaker et après tout détudier à fond les poème les plus aimées.

 

Marcel Amont

(1929)

Marcel Amont, de son vrai nom Marcel Miramon, né le 1er avril 1929 à Bordeaux, est un chanteur et un acteur français qui connut un succès considérable durant les années 1960 et les années 1970.

Marcel Amont sort son premier disque en 1956 et, la même année, fait la première partie des concerts d'Édith Piaf.

En 2006, 27 ans après ses précédentes créations, il revient avec un nouvel album "Décalage horaire", signant des collaborations avec Agnès Jaoui, Gérard Darmon, Didier Lockwood, Biréli Lagrène. Plus récemment, fin 2008, il participe à l'album pour enfants de Guillaume Aldebert intitulé Enfantillages (sorti le 27 octobre 2008).

 

Le lapin et les chameaux

Un riche et vieux sultan possédait en Afrique,

Dans un de ses jardins, un rosier magnifique

Mais un jour, un chameau entra dans le jardin

Et mangea le rosier pour apaiser sa faim

 

Le sultan, furibond, manda ses commissaires

Et s'armant d'un grand fouet pour calmer sa colère

Lui-même il les fouetta, les fouetta jusqu'au sang

Puis il les renvoya en leur recommandant

Arrêtez les chameaux

Les vilains et les beaux!

Les papas, les mamans

Les chameaux enfants!

Qui soient gros ou petits

Je m'en moque, tant pis!

Mettez-les au cachot

Prévenez le bourreau!

Et patatri!

Et patatro!

 

Tremblants, mourant de peur, les pauvres commissaires

Tinrent un grand conseil, un vrai conseil de guerre

Il y fut décidé qu'au milieu de la nuit

On arrêterait tous les chameaux du pays

 

Mais un petit chameau apprit toute l'affaire

Par un vieux chamelier et prévint tous ses frères,

Les chameaux alertés s'emplirent l'estomac

Firent des provisions et quand le soir tomba

 

On put voir les chameaux

Les vilains et les beaux

Les papas, les mamans

Et les chameaux enfants

Les gros et les petits

S'échapper dans la nuit

Tandis que le bourreau

Aiguisait son couteau

Et patatri!

Et patatro!

 

Le Général Chameau qui dirigeait la fuite

Aperçut un lapin galopant à leur suite

Et dit en s'arrêtant Eh là, où donc cours-tu?

Le lapin répondit Moi, j'ai tout entendu

Et je fuis, Général, je tiens à l'existence

Je connais trop les hommes et je n'ai pas confiance

Je ne suis pas chameau mais, avant de l'prouver,

Le juge et l'commissaire m'auraient fait zigouiller

Et mon papa m'a dit, quand j'étais tout petit

 

"Apprends donc à courir

Avant de réfléchir

Ça pourra te servir"

Tu le vois, j'obéis

Je me mets à l'abri

Je n'ai rien que ma peau

Mais j'y tiens beaucoup trop

Tant pis pour le bourreau

Et patatri!

Et patatro!

Patatri, patatro

Patatri, patatro.

Vocabulaire:
le lapin
le chameau
possédait: v. posséder -
un rosier magnifique
apaiser sa faim
furibond
manda: v.mender
fouetta: v.fouetter ,
vilains pl ,
je m'en moque
mettez-les au cachot
le bourreau ,
tinrent: v. tenir un grand conseil
un vrai conseil de guerre
Il y fut décidé
on arrêterait ,
apprit toute l'affaire par un ►vieux chamelier
prévint: v. prévenir tous ses frères
la fuite
à leur suite
en sarrêtant
où donc cours-tu?: v. courir ?
je tiens à l'existence
zigouiller
j'obéis: v. obéir
Et patatri! Et patatro! Patatri, patatro. Patatri, patatro. . ., .  

Charles Baudelaire

(né à Paris le 9 avril 1821 et mort le 31 août 1867)

Aujourd'hui Charles Pierre Baudelaire reconnu comme un écrivain majeur de l'histoire de la poésie française, Baudelaire est devenu un classique.

Baudelaire se vit reprocher son écriture et le choix de ses sujets. Il ne fut compris que par quelques-uns de ses pairs.

Barbey d'Aurevilly voyait en lui un Dante d'une époque déchue.

Au travers de son œuvre, Baudelaire a tenté de tisser et de démontrer les liens entre le mal et la beauté, le bonheur et l'idéal inaccessible (À une passante), la violence et la volupté (Une martyre), entre le poète et son lecteur (Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère), entre les artistes à travers les âges (Les Phares).

Lhomme et la mer

Homme libre, toujours tu chériras la mer!

La mer est ton miroir; tu contemples ton âme

Dans le déroulement infini de sa lame,

Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.

 

Tu te plais à plonger au sein de ton image;

Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur

Se distrait quelquefois de sa propre rumeur

Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

 

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets:

Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes;

Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,

Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!

 

Et cependant voilà des siècles innombrables

Que vous vous combattez sans pitié ni remords,

Tellement vous aimez le carnage et la mort,

Ô lutteurs éternels, ô frères implacables!

(Les Fleurs du Mal, Spleen et Idéal)

Vocabulaire:
tu chériras
le miroir
tu contemples
le déroulement infini
la lame ,
un gouffre
tu te plais ,
plonger ,
il se distrait: v. se distraire ,
de sa propre rumeur ,
cette plainte indomptable ,
ténébreux , ,
nul n'a sondé le fond de tes abîmes
cependant
des siècles innombrables
vous vous combattez
le carnage
les lutteurs éternels
les frères implacables  

L'Albatros

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage

Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,

Qui suivent, indolents compagnons de voyage,

Le navire glissant sur les gouffres amers.

 

A peine les ont-ils déposés sur les planches,

Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,

Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches

Comme des avirons traîner à coté d'eux.

 

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!

Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!

L'un agace son bec avec un brûle-gueule,

L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

 

Le Poête est semblable au prince des nuées

Qui hante la tempête et se rit de l'archer;

Exilé sur le sol au milieu des huées,

Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

Charles Baudelaire (Les fleurs du mal)

Vocabulaire:
l'albatros
des avirons
le voyageur ailé
veule , 㳿
naguère
laid, -de ,
être semblable à qch; à qn ,
qui hante: v. hanter ,
la tempête
se rit: v. se rire de qn, qch 쳺 -, -
l'archer c
xilé ,
au milieu des huées ,
l'empêchent de marcher: v. ►empêcher qn de f qch

La Vie antérieure

J'ai longtemps habité sous de vastes portiques

Que les soleils marins teignaient de mille feux,

Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,

Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.

 

Les houles, en roulant les images des cieux,

Mêlaient d'une façon solennelle et mystique

Les tout-puissants accords de leur riche musique

Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.

 

C'est là que j'ai vécu dans les voluptés calmes,

Au milieu de l'azur, des vagues, des splendeurs

Et des esclaves nus, tout imprégnés d'odeurs,

 

Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,

Et dont l'unique soin était d'approfondir

Le secret douloureux qui me faisait languir.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Spleen et Idéal

Vocabulaire:
les portiques ,
les soleils marins teignaient: ►v. teindr
les piliers ,
les houles , ,
ses voluptés calmes ,
des splendeurs , ,
qui me rafraîchissaient le front
dont l'unique soin était
approfondir
qui me faisait languir ,

L'invitation au voyage


Mon enfant, ma soeur,

Songe à la douceur

D'aller là-bas vivre ensemble!

Aimer à loisir,

Aimer et mourir

Au pays qui te ressemble!

Les soleils mouillés

De ces ciels brouillés

Pour mon esprit ont les charmes

Si mystérieux

De tes traîtres yeux,

Brillant à travers leurs larmes.

 

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.

 

Des meubles luisants,

Polis par les ans,

Décoreraient notre chambre;

Les plus rares fleurs

Mêlant leurs odeurs

Aux vagues senteurs de l'ambre,

Les riches plafonds,

Les miroirs profonds,

La splendeur orientale,

Tout y parlerait

À l'âme en secret

Sa douce langue natale.

 

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.

 

Vois sur ces canaux

Dormir ces vaisseaux

Dont l'humeur est vagabonde;

C'est pour assouvir

Ton moindre désir

Qu'ils viennent du bout du monde.

- Les soleils couchants

Revêtent les champs,

Les canaux, la ville entière,

D'hyacinthe et d'or;

Le monde s'endort

Dans une chaude lumière.

 

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté


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Vocabulaire:
l'invitation au voyage
calme ,
volupté ,
lambre ,
la splendeur orientale
lhumeur
le vagabond (-e) , -
assouvir , ()
le monde sendort languir ,

Une nuit qu'on entendait la mer sans la voir

 


Quels sont ces bruits sourds?

Ecoutez vers l'onde

Cette voix profonde

Qui pleure toujours

Et qui toujours gronde,

Quoiqu'un son plus clair

Parfois l'interrompe...

Le vent de la mer

Souffle dans sa trompe.

 

Comme il pleut ce soir!

N'est-ce pas, mon hôte?

Là-bas, à la côte,

Le ciel est bien noir,

La mer est bien haute!

On dirait l'hiver;

Parfois on s'y trompe... -

Le vent de la mer

Souffle dans sa trompe.

 

Oh! marins perdus!

Au loin, dans cette ombre

Sur la nef qui sombre,

Que de bras tendus

Vers la terre sombre!

Pas d'ancre de fer

Que le flot ne rompe. -

Le vent de la mer

Souffle dans sa trompe.

 

Nochers imprudents!

Le vent dans la voile

Déchire la toile

Comme avec les dents!

Là-haut pas d'étoile!

L'un lutte avec l'air,

L'autre est à la pompe. -

Le vent de la mer

Souffle dans sa trompe.

 

C'est toi, c'est ton feu

Que le nocher rêve,

Quand le flot s'élève,

Chandelier que Dieu

Pose sur la grève,

Phare au rouge éclair

Que la brume estompe! -

Le vent de la mer

Souffle dans sa trompe.


 

Vocabulaire:
sourd
comme il pleut ce soir
pas dancre m que ►le flot ne rompe ,
la mer est bien haut

Marcel Béalu

(né le 30 octobre 1908 à Selles-sur-Cher, département du (Loir-et-Cher), mort le 19 juin 1993 à Paris)

Son enfance passée à Saumur, Marcel Béalu part pour Paris, puis se fixe à Montargis travaillant comme chapelier à La Chapellerie Mar cel, au 21 de la rue Dorée. C'est là qu'il publie son premier recueil, Poèmes sur un même thème, en 1932, ouvrage qui lui permet de connaître Jean Rousselot, René Lacôte et Louis Guillaume.

Mobilisé en 1939, puis démobilisé en 1941 et de retour à Montargis où il tient un commerce de chapelier, il collabore durant la guerre aux Poètes casqués de Pierre Seghers.

En 1938, Marcel Béalu avait également découvert le surréalisme qui aura une influence sur son œuvre poétique composée de poèmes en vers mais surtout de remarquables poèmes en prose qui le situent parmi les maîtres du genre, avec des textes qui accordent une grande place à l'onirisme et au fantastique (L'Araignée d'eau, Le Bruit du moulin, L'Expérience de la nuit).

En 1951 Marcel Béalu ouvre à Paris la librairie Le Pont traversé qu'il mènera de la rue Saint-Séverin au 62 rue de Vaugirard et en 1955 fonde avec René Rougerie la revue Réalités secrètes qui paraît jusqu'en 1963. Il meurt à Paris en 1993.

Légende

Deux amants sont devenus des arbres

Pour avoir oublié le temps

Leurs pieds ont poussé dans la terre

Leurs bras sont devenus des branches

 

Toutes ces graines qui senvolent

Ce sont leurs pensées emmêlées

 

La pluie ni le vent ni le gel

Ne pourront pas les séparer

 

Ils ne forment quun seul tronc

Dur et veiné comme du marbre

Et sur leurs bouches réunies

Le chèvrefeuille a fait son nid.

 

Amour me cèle celle que jaime, Seghers, 1962.

Vocabulaire:
les amants m, pl
ces graines qui senvolent (),
leurs pensées emmêlées ,
ils ne forment quun seul tronc - ( )
sur leurs bouches réunies
le chèvrefeuille a fait son nid

René-Guy Cadou

(né le 15 février 1920- mort en mars 1951)

René Guy Cadou est né le 15 février 1920 à Sainte-Reine de Bretagne, dans la Loire-Atlantique. Cadou publie en 1937 son premier recueil de poésies: Brancardiers de l'Aube. Il connaît ensuite la guerre et la débâcle. Il est mobilisé en juin 1940, mais, malade, il est réformé le 23 octobre 1940.

En 1936, Cadou fait la rencontre de Michel Manoll, qui l'introduit dans les milieux poétiques et lui fait connaître notamment Max Jacob et Pierre Reverdy. La première publication ne tardera guère: Brancardiers de l'Aube, en 1937, et ce seront désormais des années de poésie ardente.

"Toute poésie qui coule de source, se jette dans la mer, tend à rejoindre luniversel. "

Les amis d'enfance

Les amis denfance

Je me souviens du grand cheval

Qui promenait tête et crinière

Comme une grappe de lumière

Dans la nuit du pays natal.

Qui me dira mon chien inquiet,

Ses coups de pattes dans la porte,

Lui qui prenait pour un gibier

Le tourbillon des feuilles mortes?

Maintenant que jhabite en ville

Un paysage sans jardins,

Je songe à ces anciens matins

Tout parfumés de marguerites.

 

Vocabulaire:
les amis d'enfance
la crinière
une grappe de lumière
les coups de pattes
il prenait pour (, )
le gibier ( )
le tourbillon
les feuilles mortes
les anciens matins ,
les marguerites ,

Maurice Carême

(1899-1978)

Maurice Carême est né le 12 mai 1899 à Wavre. En 1912, il écrit ses premiers vers de lois inspirés par une amie d'enfance. Il devient instituteur de métier en 1918, tout en continuant à écrire comptines et poésies. Après une période de futurisme (1928-1932), il revient à une poésie simple à destination de la jeunesse. En 1937, le poète s'installe à Anderlecht où il passera le reste de sa vie. À partir de 1943, il se consacre pleinement à la littérature.

Récompensée par de nombreux prix littéraires, illustrée par de grands artistes, son œuvre joint à la simplicité de la forme l'expression d'une joie de vivre qui n'exclut pas une certaine gravité. Il a aussi traduit en français des poètes néerlandophones.

Quelques poèmes de Maurice Carême ont été mis en musique (voix et piano) par le compositeur et musicologue Jacques Chailley (1910-1999).

Le brouillard

Le brouillard a tout mis

Dans son sac de coton;

Le brouillard a tout pris

Autour de la maison.

 

Plus de fleurs au jardin,

Plus d'arbres dans l'allée;

La serre du voisin

Semble s'être envolée.

 

Et je ne sais vraiment

Où peut s'être posé

Le moineau que j'entends

Si tristement crier.

Vocabulaire:
le brouillard
a tout mis: v. mettre
le sac de coton
a tout pris
plus de fleurs
plus d'arbres ()
où peut s'être posé
le moineau
j'entends crier
tristement

Blaise Cendrars

(1887-1961)

Né le 1er septembre 1887 à La Chaux-de-Fonds, canton de Neuchâtel (Suisse), mort le 21 janvier 1961 à Paris, est un écrivain d'origine suisse, naturalisé français en 1916.





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