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Premiers textes historiques




Hérodote et Thucydide, musée archéologique de Naples. Les faits historiques furent conservés pendant longtemps du fait de la tradition orale: Selon Georges Lefebvre «les premiers historiens, en ce sens, furent probablement des poètes». Selon Michel de Certeau: «De même, chez les Merian de Madagascar, les teiarana (anciennes listes généalogiques), puis les tantara (l'histoire passée) forment un «héritage des oreilles» (lovantsofina) ou une «mémoire de la bouche» (tadidivava)». Avec l'invention de l'écriture apparaît le récit historique, qui est de beaucoup antérieur à la conceptualisation de la discipline historique. Les premières chroniques mésopotamiennes remontent au début du IIIe millénaire av. J.-C et se dégagent de toute influence mythologique à partir du début du millénaire suivant. Il s'agit de renseignements utiles aux dynasties, de listes décrivant année par année les événements d'un règne (celui d'Hammurabi), d'un État (Mari), voire, dans le cas de la chronique synchronique, de plusieurs États (la Babylonie et l'Assyrie). La vocation de ces listes est purement mémorielle et didactique, et elles ne sont pas exemptes d'un certain parti pris: il s'agit de faire connaître à la postérité sous un jour positif les faits et gestes de son souverain. L'histoire en Grèce antique conserve certains de ces aspects en développant parallèlement des préoccupations littéraires et scientifiques comme en témoignent les œuvres d'Hérodote, de Thucydide et de Polybe. Hérodote (-484 ou -482, -425) est un savant grec qui parcourt durant sa vie l'Égypte actuelle et le Moyen-Orient, allant jusqu'à Babylone. Dans ses Enquêtes, il veut faire œuvre de mémorialiste et raconte des événements récents, les guerres médiques, «afin que le temps n'abolisse pas les travaux des hommes». Il se place donc dans une perspective historique qui fait qu'on a pu le qualifier de «père de l'histoire». Si Hérodote est vu comme l'initiateur du récit historique, c'est Thucydide (vers -460 - vers -400) qui le premier a posé la méthode historique, dans le sens d'une recherche de «vérit» dans le récit, et non plus simplement de «mémoire». Dans son Histoire de la guerre du Péloponnèse, il s'attache à relater les causes de la guerre, les faits déclencheurs, puis il raconte chronologiquement cette guerre, restant au plus près des événements, afin de donner un portrait fidèle de ce conflit qu'il considère être fondamental dans l'histoire du monde et qu'il veut expliquer aux générations futures. Il a également une vision profondément rationnelle des faits, ne voyant pas dans l'enchaînement de ceux-ci l'intervention des dieux mais la conséquence des actions des hommes. Peu d'œuvres historiques grecques ont été conservées après celle de Thucydide: aussi bien les œuvres de Timée, d'Ephore de Cumes, rédacteur en -340 de la première histoire du monde, que celles des «historiens d'Alexandre» ne nous sont parvenues autrement que de manière fragmentaire. La principale étant celle de Polybe: son histoire en cinquante livres, ayant l'ambition de traiter l'histoire du monde antique de -220 à -150, avec comme point de repère l'ascension de la république romaine. La méthode de Polybe, tout comme celle de Thucydide, se veut rigoureusement rationnelle et «pragmatique»: il interroge les survivants, se rend sur les lieux des événements décrits etc. De cette œuvre très vaste, qui anticipe sur les grandes synthèses historiques modernes, un tiers, tout au plus, a survécu. Avec l'avènement de l'Empire romain, la discipline historique tend à perdre de son indépendance et à ne devenir qu'un moyen au service d'une fin politique (chez Tite-Live) ou morale (chez Salluste). «Dans l'ensemble les Romains s'intéressaient plus aux mérites littéraires de leurs livres d'histoire qu'à rapporter avec précision ce qui s'était réellement produit». Cette tendance de la discipline a pu être qualifiée d'«histoire pragmatique». Il revient finalement à Lucien de Samosate d'écrire le seul traité historiographique qui ait été conservé de l'Antiquité, Comment l'on écrit l'histoire. Dans cette critique sévère des historiens de son temps, il écrit notamment: «La tâche de l'historien, il n'y en a qu'une; dire les choses telles qu'elles se sont passées», et «l'historien ne saurait écrire à la manière des rhéteurs: ce qu'il a à dire a déjà été dit et sera dit par d'autres, car ce sont des faits accomplis; il faut simplement les mettre en ordre et les exposer; il n'a pas à chercher ce qu'il doit dire, mais comment il le dira».

S'ils réduisent l'histoire à un rang d'auxiliaire de la théologie, les auteurs chrétiens tiennent néanmoins cette discipline en grande estime, et lui permettent de survivre à la disparition de l'empire romain d'Occident. En témoignent les œuvres d'Eusèbe de Césarée, d'Isidore de Séville, ou de Bède le vénérable. Parallèlement se maintient une histoire séculière sous la forme de chroniques, telle que celle d'Eginhard.





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